La Chine est le premier marché de la marque allemande, toutefois dominé par les SUV. Une tendance bousculée par la présentation à Pékin du 718 Cayman.
Le passage de relais était attendu et il s’est produit l’an passé. Depuis 2015, la Chine est devenue le premier marché mondial de Porsche avec 58 009 immatriculations. Une tendance qui se confirme au premier trimestre avec des ventes en progression de 23 %, a annoncé Oliver Blume, le nouveau patron de Porsche qui a succédé à Matthias Müller, parti prendre les rênes du groupe Volkswagen.
Épargné jusqu’à présent par les fortes turbulences qui mettent à l’épreuve la maison mère, le constructeur le plus profitable au monde (une rentabilité de 15 % en 2015) est devenu en quelques années la coqueluche des jeunes nouveaux riches chinois. La moyenne d’âge des acheteurs de Porsche se situe autour de 35 ans, soit dix années de moins que la moyenne mondiale de la firme, et un tiers d’entre eux est âgé de moins de 30 ans.
Entrée de gamme à 250 ch au lieu de 300 ch
Au salon de Pékin, Porsche a levé le voile sur le nouveau 718 Cayman, un coupé deux-places présenté dans un pays où, malgré son succès, le constructeur peine à diffuser ce type de voiture. En Chine, Porsche constate une surreprésentation de ses ventes de SUV Macan et Cayenne alors que ses modèles deux-portes traditionnels, à commencer par la 911 – figure emblématique de la gamme – sont bien moins appréciés. Afin d’amadouer des clients visiblement peu portés sur la conduite dynamique et sans doute intimidés à l’idée de se retrouver au volant d’un modèle sportif surbaissé – les Chinois préfèrent les voitures hautes – la marque de Stuttgart propose le 718 Cayman avec un moteur d’entrée de gamme dont la puissance affiche 250 ch alors que sur les autres marchés, le 2-litres turbo de ce modèle développe au moins 300 ch. Le moteur de 2,5 litres de la 718S, atteint quant à lui 350 ch.
Lire aussi : Le marché auto chinois en phase de maturation
Sur ses modèles Cayman et Boxster, le constructeur a décidé, afin de satisfaire aux normes antipollution, de revenir à un moteur quatre-cylindres au lieu de six-cylindres. Cette option qui a fait tousser certains en Europe, bien que les performances soient en hausse, ne devrait guère susciter d’objection dans l’ex-Empire du Milieu. Afin de mieux promouvoir ses coupés sportifs dans le pays, la marque inaugurera cet automne près de Shanghai un Porsche Experience Center. Un lieu qui aura représenté 26 millions d’euros d’investissement, installé à proximité d’un circuit de pilotage où les clients pourront s’initier à la conduite d’un modèle plus proche des racines sportives et européennes de la marque.
Virage électrique
Dans un pays où les constructeurs s’attendent à voir décoller dans les prochaines années les ventes de voitures électriques, Porsche avance ses pions avec ses deux modèles hybrides rechargeables (la berline Panamera et le 4x4 Cayenne). En attendant l’arrivée, dans deux ou trois ans, d’une 911 pourvue elle-aussi d’une double motorisation, électrique et thermique, puis la commercialisation d’une « supercar » tout-électrique dévoilée l’automne dernier sous les traits du concept Mission-E. « La Chine est un marché important pour la voiture électrique, comme la Californie, par exemple » admet Oliver Blume qui, pour autant, ne considère pas qu’il s’agira d’une locomotive mondiale pour les modèles recourant à ce type d’énergie. Une façon de signifier que Porsche n’est pas impressionné par l’activité médiatique déployée au salon de Pékin par les nouvelles marques chinoises Faraday Future (tentative de créer une sorte de Tesla asiatique) et LeSee, autre projetpharaonique visant à préempter un futur segment des modèles électriques d’exception.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/m-voiture/article/2016/04/27/porsche-veut-mettre-les-chinois-au-sport_4909580_4497789.html#zGeGOVI6M8DuF1V0.99