voici mon texte original, qui est la synthèse de la littérature, de mon utilisation de l'outil, de mes contacts à travers l'Europe, et merci à ceux qui pompent les articles de manière sauvage de bien vouloir citer les sources !Ami Porschiste, devant le nombre grandissant de posts pour ne rien dire demandant des réponses face à des tests PIWI, il est venu le temps de reposer l’église au centre du village et de vous expliquer un peu les choses… accessoirement le prochain qui pose la question sans avoir lu ce post je lui enlève les dents une par une sans anesthésie.
Alors tout d’abord, PIWIS ou PIWI ?
Retenez une chose importante, le PIWI n’existe pas, on en reparlera un peu plus tard dans cet article.
une PIWI, c'est pour les spécialiste une moto Yamaha PW50, et en anglais P se dit PI et W se dit WI...
donc ça c'est une PIWI
revenons donc à notre mouton...
En 1998, avec l’arrivée de voitures toujours plus bardée d’électronique, Porsche en collaboration avec BOSCH décida de faire évoluer son bon vieux testeur électronique PST2 (Porsche System Tester 2) vers un nouveau système plus puissant, avec un grand écran couleur tactile, et c’est ainsi qu’est née, PIWIS (Porsche Integrated Workshop Information System).
Ce nouveau système, sur une base de KTS650 BOSCH embarque à la fois un outil de diagnostique et de codage puissant pour l’ensemble de la gamme depuis la 964 (théoriquement) jusqu’à la 997 (sans sa version final V34).
Piwis permet donc au technicien de diagnostiquer votre véhicule et d’avoir accès à l’ensemble des boitiers électroniques de votre véhicule tant sur la couche soft (lecture des codes défauts, des valeurs réelles…) que sur la couche hard (codage de boitier, reprogrammation de clé, réactivation d’options…), mais aussi d’avoir accès directement aux manuels de réparation et d’aide à la résolution de panne (ex système POSES 2.4) , et bénéficie si besoin d’une connexion réseau pour accéder à la première mouture du PPN (Porsche Partner Network). Ce matériel, initialement destiné aux seuls concessionnaires était disponible moyennant 12 à 15.000 euros HT environ, et assujettit à un abonnement pour les mises à jour et le support de plusieurs milliers d’euros / an.
Tout mécano Porsche digne de ce nom se devait donc d’avoir PIWIS, et certaines « copies » +/- légales sont apparues, mais en restant toujours sur la base d’un KTS 650 BOSCH sur lequel on venait mettre un disque dur cloné d’un PIWIS original, ces versions étant vendues plusieurs milliers d’euros, sans garantie ni support.
A noter, depuis 2011, Porsche a cessé sa collaboration avec BOSCH pour les outils de diagnostique, c'est désormais une solution sur une base de portable durci quasi incassable PANASONIC CF-30 avec une sonde VCI de chez SAMTEC qui forment le PIWIS II. le disque dur cette fois est crypté, et le système est plutôt pas mal foutu (pour avoir tous les outils de diagnostique PORSCHE, je sais donc de quoi je parle, et celui là est carrément puissant au niveau des possibilités, malgré quelques bridages de contrôle par l'usine elle-même à distance...)
Face à cet outil donc, fort couteux et à la demande du marché, une société s’est dit : pourquoi ne pas faire un outil adaptable, simple et moins couteux que PIWIS pour diagnostiquer une Porsche, tout comme ROSS-TECH l’a fait pour concurrencer le VAS du groupe VW ??? Cette société vous l’aurez compris c’est la société américaine DURAMETRIC, qui a donc lancé le 1er janvier 2006 son logiciel éponyme : DURAMETRIC.
Il s’agit là d’un logiciel très léger, qu’on installe sur un ordinateur portable, et d’une interface OBD2 reliée à l’ordinateur par un simple câble USB.
Malheureusement, et bien que de nombreux utilisateurs plébiscitent ce produit, sur le papier 9 ans plus tard, et malgré 2 à 4 mises à jour / an, ce produit n’est toujours pas capable de faire + de 20% de ce que propose PIWIS, et mis à part avoir une partie de la couche soft : lecture des codes défauts (avec une interprétation en anglais parfois pas très intelligible), effacement des codes, remise à zéro des périodes d’entretien et lecture de certaines infos du boitier DME (nous allons en reparler) et encore pas correctement sur tous les modèles, ce produit n’offre donc pas grand-chose d’extraordinaire pour un coût compris entre 400 et 800 euros selon la version et les options choisies.
Face à ce système qui sans être péjoratif est nettement plus simple qu’un KTS 650 BOSCH, les copieurs mondiaux que sont les chinois se sont dit, et pourquoi pas faire une copie de ce petit câble ? et ils l’ont faite… sauf que les chinois qui font ce genre de trucs sont tellement innovants et pleins d’idées que pour le nom de cette copie, ils ont choisi PIWI en enlevant le ‘S’ final car nombreux revendeurs chinois de ces contrefaçons pensent encore qu’ils ont une copie de l’outil officiel PORSCHE, et qu’on dit un PIWI, des PIWIS… les cons…
Ce câble, qu’on trouve facilement entre 20 et 50 euros est livré souvent avec la version du logiciel 3.0.15 de janvier 2007 !!!! ou au mieux avec la version 5.1 de juin 2008, la société DURAMETRIC ayant en effet riposté en effectuant des mises à jours des firmwares des interfaces à partir de la version 6, qui détruisent systématiquement le contenu de la mémoire (rendant l’interface HS) de toutes les versions copiés… donc retenez bien qu’un câble chinois PIWI est un truc bas de gamme qui est dépassé depuis 7 ans, et mis à part épater votre gosse de 8 ans en branchant l’auto de papa sur l’ordinateur ou votre beau-frère après un barbecue bien arrosé le dimanche midi, ce câble est une chose globalement inutile à tout porschiste un brin bricoleur.
Je sais ami lecteur que cette introduction était un peu longue, mais j’en ai marre de voir parler de test PIWI en permanence, puisque vous l’aurez compris, PIWI c’est rien d’officiel, et quand on utilise ce mot c’est vraiment qu’on y connait que dalle et qu’en plus on avoue haut et fort qu’on se sert d’une contrefaçon d’un outil qui déjà est très loin d’être l’outil officiel.
Alors maintenant, venons-en à l’essentiel malgré tout, le RAPPORT PIWIS (youpi !)
La seule chose qui intéresse donc 95% des possesseurs/acheteurs/vendeurs de 996/997/986/996 atmosphérique c’est donc, le rapport PIWIS, qui n’est autre qu’une simple lecture des valeurs en mémoire au niveau du compteur d’heures du boitier motronic, ainsi que de l’enregistrement des plages de surrégimes.
1) Le compteur horaire : c’est pas compliqué, vous démarrez l’auto et il tourne, comme un taxi, sauf que lui se remet jamais à 0. De ce compteur horaire on peut donc en déduire si le kilométrage affiché de la voiture est cohérant ou non. Je dis bien cohérent car on ne peut pas tomber juste. Partant du principe qu’une Porsche roule en moyenne à 48km/h, si vous avez 3.500 h avec 80.000 km au compteur il va falloir sérieusement vous posez des questions… si par contre vous avez entre 155.000 et 175.000 km, alors là pas de soucis…
2) Les plages de surrégimes : selon les modèles, ces mouchards peuvent être aux nombres de 2 à 6. Le tableau ci-dessous reprend par modèle les plages et leurs valeurs.
Face à chacune des plages, vous avez un nombre indiqué et un nombre d’heure comme dans l’exemple ci-dessous pour une Porsche 996 TURBO
Plage 1 : 4440 1608h
Plages2 : 210 1044h
Horaire : 1740h
Dans cet exemple nous voyons donc :
- que le véhicule à 1740h, soit environ 83.500 km
- que le véhicule a franchi 4440 allumages en plage 1 donc > 6.750 tr/mn le dernier allumage ayant eu lieu à 1608h soit environ 77.000 km
- que le véhicule a franchi 210 allumages en plage 1 donc > 7.250 tr/mn le dernier allumage ayant eu lieu à 1044h soit environ 50.000 km
Si nous prenons le sous exemple de cette plage 2 à 210 allumages, sachant que sur un moteur 4 temps nous avons 3 allumages par tour de vilebrequin, donc 210 / 3 = 70 tours de vilebrequin, pour un régime de 7.250 tours / minute, ce qui signifie que ce régime a été maintenu moins d’une seconde.
L’exemple n’est pas suffisant ? Alors prenant la plage 1.
4440 / 3 = 1480 tours de vilo pour un régime de 6.750 tr/mn = 13,15 secondes (60 / 6750 X 1480)
Donc, pour résumer, ce moteur a passé 13,5 secondes de sa vie à plus de 6.750 tr/mn, la dernière fois il y a 6.000 km, et moins d’une seconde au-delà de 7.250 tr/mn, la dernière fois étant il y a plus de 23.000 km.
Est-ce clair ?
Antithèse et Synthèse…
Maintenant que vous avez en main votre précieux rapport PIWI, qui pour beaucoup est l’assurance d’une excellente voiture fiable, vous pouvez tout simplement le prendre et le jeter à la benne directos… pourquoi ?
- parce que les boitiers peuvent parfois enregistrer des données non cohérentes, tant sur les plages que sur le compteur horaire.
- parce que certains pourris sur internet proposent de redonner une nouvelle jeunesse et une virginité à votre boitier en 90 minutes et quelques centaines d’euros.
- Parce qu’il n’y a aucun lien entre plages de surrégimes et casses moteurs, les exemples sont légion de mecs avec des rapports PIWIS nickel, qui ont cassé leurs moteurs, et d’autres qui roulent comme des bruts avec des moteurs toujours intacts
- Parce que si toutes les classiques et youngtimers avaient des mouchards, elles auraient toutes des 1/2 heure de surrégimes, et pourtant elles roulent encore comme des bombinettes !
Donc, maintenant que vous avez lu tout ça jusque ici, je vais juste vous rappeler les fondamentaux : Une voiture ça s’essaye, ça s’observe, ça se tâte, ça se renifle, on examine l’historique des factures sur les 5 ou 6 dernières années au minimum, on retient bien dans un coin de sa caboche que les casses moteurs c’est un défaut de lubrification du roulement d’arbre intermédiaire, on se fait accompagner par quelqu’un qui a de l’expérience si on en a pas, et si possible, on met l’auto sur un pont, on regarde les compartiments avants / arrières, les alignements carrosserie, on écoute le moulin tourner au ralenti depuis l’extérieur de l’auto (bruit de claquement ?) et après 1h d’examen on peut commencer à prendre un début de décision.
Pourquoi ce rapport est-il important pour les blaireaux ?
Tout simplement parce qu’initialement, ce rapport de test était destiné uniquement à usage interne des concessions, qui parfois ET UNIQUEMENT EN France le mettaient en avant pour refuser une extension de garantie.
Les simplets en ont donc déduit que test OK = bonne voiture, test pas OK = mauvaise voiture…
Les 996 ayant eu des moteurs très robustes c’est connu, les mêmes simplets en ont déduit que TEST OK = bonne voiture = moteur qui cassera pas… l’histoire et les cas rencontrés depuis nous prouve parfois tout l’inverse !!!
Sauf que, aujourd’hui, dans le réseau, même en France, ce test n’est plus considéré comme probant, et mis à part continuer à le faire pour vous piquer 80 euros il n’a plus aucune signification.
A noter enfin que seuls les Français sont attachés à ce test, ni les Allemands, ni les Américains ne savent ce que c’est… et puis merde, on parle d'acheter une Porsche bordel, une caisse faite pour rouler fort et vite, alors trembler parce qu'on apprend que l'auto a été utilisée pour ce pour quoi elle a été construite c'est quand même ridicule !!!!
Moralité ? on ne le répètera jamais assez, mais ce rapport si important aux yeux de certains est aussi inutile qu’un lot de boite de conserve sur une ile déserte sans ouvre-boite… et nous rabâcher sans cesse ces questions inutiles ça valait bien le coup que je me tape ce post en pleine insomnie au milieu de la nuit.
petit résumé pour ceux qui prennent ce post par la fin : quand je dis :"le test piwi c'est de la merde en barre" c'est juste un léger raccourci pour éviter de taper 4 pages à chaque fois, si vous avez pas compris, reprenez ce post du début.
est venu ce greffé à mon travail la contribution très intéressante de mon copain Hugues, alias Palmers, qui est lui aussi un pro équipé du PIWIS :Un petit complément à la lecture de tout ça.
C'est vrai que tout ce qui est écrit dans ce post a déjà été dit au fil des questions, il suffit de prendre le temps de chercher un peu sur le forum.
Ensuite, je suis toujours effaré par les personnes qui me soumettent des dossiers pour lesquels le vendeur affirme fièrement "test piwi ok", alors qu'il s'est contenté de transmettre un document avec des valeurs que bien souvent ni lui, ni l'acheteur ne comprennent.
Au fil de l'eau, j'ai fini par comprendre que pour beaucoup, le fait que le document existe PROUVE à lui seul que l'auto aurait réussi un quelconque test Shocked
On se croirait dans les épisodes des Experts où ils attendent patiemment que l'imprimante ait terminé son travail pour découvrir le nom du suspect...Thumbdown
Bref, quand un vendeur vous dit "test piwi ok", il vous ment 3 fois.
D'une part, parce que ce n'est pas un test.
Ensuite, parce que c'est très rarement fait avec un vrai PIWIS, mais bien souvent une copie de Durametric.
Enfin, parce qu'il ne peut pas être OK ou pas OK. C'est quoi un test OK ??? Et un test pas OK ???
Quand je vois les montants en bas des factures pour écrire 13 valeurs sur une feuille, je me dis que beaucoup en ont profité. Et finalement, pourquoi pas ?
Enfin, là où j'apporterais un avis différent, c'est sur l'interprétation des valeurs. En effet, peu de gens savent les mettre en perspective, mais tout lecteur de ce post pourra maintenant arrêter de dire que l'auto a fait 10 000 sur-régimes. Retenez que 22 000 allumages = 1 minute au rupteur, dans toute la vie de l'auto.
Je remets toujours aux personnes que j'accompagne un fichier très clair qui leur permet de comprendre la vie du moteur, pour autant qu'on peut se fier aux chiffres. On apprend 2-3 choses intéressantes, notamment sur l'usage qu'en faisait le dernier proprio.
Pour ma part, après 8 ans d'air-cooled, ai découvert tout ça avec ma 997. J'ai donc interrogé les plages dans la concession allemande qui me l'a vendue, c'était une première pour le vendeur, mais il a trouvé ça amusant. "Elle est à vous, après tout" m'a-t-il dit avec un grand sourire !
Le plus intéressant, et j'invite tous ceux qui sont équipés à le faire, c'est de faire un relevé tous les 6 mois. J'en ai environ 4 ou 5 successifs pour mon auto, et là ça devient vraiment parlant. Je rêve du jour où, au milieu des factures, on trouvera des relevés réguliers qui viendront étayer les autres éléments (dates, km, utilisation) même si en l'espèce, la falsification est aisée.